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Traduction du document anglais de juin 2016, avec certaines mises à jour en mars 2024.

1.     Qu’est-ce que la mutilation génitale féminine (MGF) ?

2.     Quelle est la différence entre la mutilation génitale féminine (MGF), l’excision génitale féminine (EGF) et l’excision ?

3.     Combien de types de MGF existe-t-il et que comportent les différentes procédures ?

4.     Quels types de MGF sont couramment pratiqués dans le monde ?

5.     À quel âge les filles subissent-elles des MGF ?

6.     Quelle est la prévalence mondiale des MGF ?

7.     Dans quels pays les MGF sont-elles pratiquées ?

8.     Quelles sont les raisons les plus fréquemment invoquées pour justifier cette pratique néfaste ?

9.     Y a-t-il une religion qui encourage la pratique des MGF ?

10.  Quel est le statut juridique des MGF dans le monde ?

11.  Quelles sont certaines des conséquences liées aux MGF ?

12.  De quelle manière les MGF violent-elles les droits humains des filles et des femmes ?

13.  Quels types de stratégies ou cadres internationaux ont été établis pour contribuer à lutter contre les MGF ?

14.  La communauté médicale a-t-elle une responsabilité dans l’éradication des MGF ?

15.  Que peuvent faire les gouvernements pour aider à éradiquer les MGF ?

 

1.     Qu’est-ce que la mutilation génitale féminine (MGF) ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui utilise le terme « mutilation sexuelle féminine », fournit cette définition : « Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales. »

2.     Quelle est la différence entre la mutilation génitale féminine (MGF), l’excision génitale féminine (EGF) et l’excision ?

Ce sont tous des termes utilisés pour désigner la pratique consistant à retirer une partie des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales :

  • Mutilation génitale féminine (MGF) : terme utilisé par de nombreux groupes de défense des droits humains et défenseurs de la santé pour souligner les conséquences physiques, émotionnelles et psychologiques associées à cette procédure. Ce terme identifie également cette pratique comme une violation des droits humains en raison de la violence associée à la procédure et parce qu'elle est principalement pratiquée sur des jeunes filles. Dans son rapport « "They Took Me and Told Me Nothing": Female Genital Mutilation in Iraqi Kurdistan » (« Ils m'ont prise et ne m'ont rien dit : Mutilations génitales féminines au Kurdistan irakien », 2010), Human Rights Watch utilise le terme mutilation génitale féminine ou MGF.
  • Excision génitale féminine (EGF) : terme également utilisé par les militants et les défenseurs de la santé pour montrer les dangers associés à cette pratique. Ce terme est parfois également appelé mutilation/excision génitale féminine ou MGF/E.
  • Excision féminine : terme utilisé pour décrire une pratique qui ne prend pas en considération les méfaits qui y sont associés. Il est trompeur car il compare implicitement cette pratique à la circoncision masculine, même si les MGF sont une procédure considérablement plus invasive et ne sont pas pratiquées à des fins médicales.

3.     Combien de types de MGF existe-t-il et que comportent les différentes procédures ?

Il existe quatre types de MGF répertoriés par l'OMS :

  • Type I : Ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce. Connue sous le nom de clitoridectomie, il s’agit de la forme la plus courante de MGF pratiquée au Kurdistan irakien.
  • Type II : Procédure plus invasive qui comprend l’ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres. Cette procédure peut être réalisée avec ou sans excision des grandes lèvres, et est connue sous le nom d’excision.
  • Type III : Forme de MGF la plus grave, appelée infibulation, qui implique le rétrécissement de l'orifice vaginal avec la création d'un « sceau » formé en coupant puis en suturant les petites lèvres et/ou les grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris.
  • Type IV: Le quatrième type de MGF comprend toutes les autres procédures nocives pour les organes génitaux féminins, notamment les piqûres, les perçages, les incisions, les grattages et les cautérisations.

4.     Quels types de MGF sont couramment pratiqués dans le monde ?

À l’échelle mondiale, les MGF de type I et de type II sont les procédures les plus courantes. Elles représentent plus de 85 pour cent de toutes les procédures.

5.     À quel âge les filles subissent-elles des MGF ?

L'OMS note que la plupart des filles subissent cette pratique entre la naissance et l'âge de 15 ans, mais que les MGF peuvent être imposées à un autre âge. Dans certaines cultures, les MGF sont utilisées pour initier les filles à l’âge adulte et garantir leur capacité à se marier.

6.     Quelle est la prévalence mondiale des MGF ?

L'OMS estimait en 2010 que plus de 140 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi cette procédure. [Mise à jour 2024 : chiffre estimé à 200 millions.]

Rien qu’en Afrique, plus de 3 millions de filles risquent de subir cette pratique chaque année [chiffre de 2010].

7.     Dans quels pays les MGF sont-elles pratiquées ?

Les MGF étaient pratiquées dans plus de 27 pays en 2010 [30 pays en 2024], notamment en Afrique et dans des communautés de Malaisie et d'Indonésie en Asie. Les MGF sont également pratiquées par certaines communautés de migrants en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les MGF sont pratiquées par exemple en Égypte, au Yémen et au Kurdistan irakien. On pense également que les MGF sont pratiquées dans une moindre mesure au sein des communautés d'Oman, de Jordanie et des territoires palestiniens occupés et qu'elles ont été pratiquées par les Juifs Falasha en Éthiopie. Des études récentes révèlent également que les MGF sont pratiquées dans les communautés kurdes d'Iran.

8.     Quelles sont les raisons les plus fréquemment invoquées pour justifier cette pratique néfaste ?

Les personnes qui pratiquent les MGF justifient cette procédure en invoquant divers facteurs socioculturels. De nombreuses personnes issues des communautés concernées affirment que cette pratique est enracinée dans la culture locale, et que la tradition s'est transmise d'une génération à l'autre. La culture et la préservation de l’identité culturelle servent d’impulsion sous-jacente à la poursuite de cette pratique.

D'autres justifications courantes des MGF sont étroitement liées aux rôles rigides de genres, et aux perceptions des femmes et des filles comme gardiennes de l'honneur de leur famille ; dans de nombreux cas, ceci est étroitement lié à des attentes strictes concernant la « pureté » sexuelle et le manque de désir des femmes. Dans certaines sociétés, le mythe dominant est que les désirs sexuels des filles doivent être contrôlés dès le plus jeune âge pour préserver leur virginité et prévenir l'immoralité. Dans d’autres communautés, les MGF sont considérées comme nécessaires pour garantir la fidélité conjugale et prévenir les comportements sexuels déviants.

Certaines personnes qui soutiennent le recours aux MGF invoquent aussi des raisons d'hygiène et d'esthétique, affirmant que les organes génitaux féminins sont sales et qu'une fille qui n'a pas subi cette procédure est impure. Là où de telles croyances prévalent, les chances d'une fille de se marier sont sensiblement réduites si elle n'a pas subi cette procédure. On considère aussi parfois que les MGF rendent les filles attirantes. L'infibulation, par exemple, permettrait d'obtenir une espèce de douceur esthétique.

9.     Y a-t-il une religion qui encourage la pratique des MGF ?

Les MGF sont pratiquées par certains adeptes des confessions musulmane, chrétienne et juive. Les MGF sont également pratiquées par certains animistes, qui croient en l'existence d'esprits individuels et de forces surnaturelles. Mais il ne s’agit pas d’une pratique en soi religieuse ; les MGF ne sont liées de manière spécifique à aucune foi religieuse, et sont antérieures au christianisme et à l’islam. Cependant, certains adeptes de ces religions pensent à tort que cette pratique est obligatoire dans le cadre de la foi. En raison de ce lien erroné avec diverses religions, et en particulier avec l’islam, les chefs religieux ont un rôle important à jouer pour dissocier les MGF de la religion.

Par exemple, des MGF sont pratiquées en Égypte, pays à prédominance musulmane, mais pas dans de nombreux autres pays à population majoritairement musulmane, comme l’Arabie saoudite et le Pakistan. Le lien entre les MGF et l'islam a été réfutée par de nombreux érudits et théologiens musulmans, qui affirment que cette pratique n’est pas prescrite dans le Coran, et est même contradictoire avec les enseignements de l'islam.

10.  Quel est le statut juridique des MGF dans le monde ?

Parmi les pays dotés en 2010 de lois ou de réglementations qui interdisent les MGF figurent le Burkina Faso, Djibouti, les États-Unis, le Ghana, la Guinée, la République centrafricaine, le Royaume-Uni, le Soudan et la Suède.

Le Canada, la France et le Royaume-Uni disposent également de lois contre les agressions et la maltraitance des enfants qui couvrent les MGF.

Plusieurs pays ont exprimé leur soutien à l'éradication des MGF, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, Djibouti, l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, la Gambie (*), la Guinée, le Kenya, le Niger, la République centrafricaine, le Sénégal, le Soudan, la Tanzanie, le Togo et l'Ouganda.

(*) Mais en mars 2024, un projet de loi en Gambie risque d’aboutir à l’abrogation de la loi de 2015 interdisant cette pratique.

11.  Quelles sont certaines des conséquences liées aux MGF ?

Les MGF ont des effets immédiats et à long terme sur la santé physique, sexuelle et émotionnelle des femmes.

Les conséquences pour la santé physique peuvent inclure des saignements ou des hémorragies graves, un choc dû à la douleur associée à l'intervention, un risque d'infection - en particulier lorsque des instruments coupants non stériles sont utilisés ou s'ils sont utilisés sur plusieurs filles à la fois - et une rétention urinaire. Les complications à long terme comprennent l'anémie, les kystes, les cicatrices, les difficultés à uriner, les troubles menstruels, les infections récurrentes des voies urinaires, les fistules, le travail prolongé et l'infertilité. Des recherches plus récentes montrent que les femmes qui ont subi tout type de MGF, y compris la clitoridectomie, courent un plus grand risque de complications lors de l'accouchement. Les femmes enceintes courent un plus grand risque de devoir subir une césarienne ou une épisiotomie et peuvent souffrir d'hémorragie post-partum.

Les effets sur la santé sexuelle et psychosexuelle peuvent inclure des rapports sexuels douloureux, un dysfonctionnement sexuel et une hypersensibilité dans la région génitale. Les MGF ont également été associées à l'infertilité, qui peut être attribuée à des infections ou à une pénétration insuffisante lors des rapports sexuels. Dans les communautés où la fécondité et l’accouchement jouent un rôle majeur pour les femmes, l’incapacité à produire des enfants est le plus souvent imputée aux femmes. Cela peut entraîner le rejet de la femme stérile par son mari et sa famille.

Des problèmes psychosexuels peuvent résulter de la douleur associée à la procédure, de règles douloureuses ou de rapports sexuels douloureux pouvant survenir à la suite de la procédure. Des épisodes récurrents de manque de désir et de plaisir sexuels pendant les rapports sexuels peuvent également entraîner des complications psychosexuelles.

Les effets sur la santé mentale et émotionnelle peuvent comprendre la dépression, l'anxiété, les phobies, les symptômes de stress post-traumatique (SSPT), les problèmes psychosexuels et d'autres troubles de santé mentale.

La MGF est une procédure inutile sur le plan médical, irréversible, et qui nuit à la santé de millions de filles dans le monde.

12.  De quelle manière les MGF violent-elles les droits humains des filles et des femmes ?

Les MGF violent les droits humains des femmes et des enfants, y compris leurs droits à la santé, à l'abri de la violence, à la vie et à l'intégrité physique, à la non-discrimination et à l'abri de tout traitement cruel, inhumain et dégradant. Lorsque les jeunes filles sont excisées, elles peuvent saigner abondamment ou devenir sensibles à une infection grave, en particulier lorsque des instruments coupants non stériles, tels que des couteaux ou des rasoirs, sont utilisés. Cette procédure, sans but médical et irréversible, inflige de fortes douleurs aux jeunes filles et peut mettre leur vie en danger.

Des articles spécifiques dans des traités internationaux, tels que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE), soulignent les obligations des États parties afin de garantir les droits mentionnés ci-dessus aux filles et aux femmes.

13.  Quels types de stratégies ou cadres internationaux ont été établis pour contribuer à lutter contre les MGF ?

Les organes de surveillance des traités internationaux, tels que le Comité CEDAW, le Comité des droits de l'enfant, le Comité contre la torture et le Comité des droits de l'homme ont abordé la question des MGF dans leurs rapports adressés à des gouvernements spécifiques ; ils ont recommandé des mesures visant à mettre fin à cette pratiques néfaste. Les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont également formulé des recommandations spécifiques aux gouvernements des pays où les MGF sont courantes ; ils ont recommandé des actions spécifiques pour aider à éradiquer les MGF, qu'il s'agisse de mesures législatives ou de divers programmes.

Les agences des Nations Unies telles que l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont publié des déclarations dénonçant les MGF. Elle ont également publié des documents contenant des recommandations spécifiques sur les politiques et programmes visant à éradiquer les MGF.

14.  La communauté médicale a-t-elle une responsabilité dans l’éradication des MGF ?

La communauté médicale joue un rôle important, et peut contribuer à mettre fin à cette pratique néfaste. Les agents de santé ont la responsabilité de diffuser des informations précises sur les effets de cette pratique sur la santé et doivent donc être pleinement conscients des conséquences des MGF. Ils devraient également être capables de traiter les complications résultant des MGF.

Le Plan d’action visant à l’élimination des pratiques traditionnelles préjudiciables affectant la santé des femmes et des enfants, élaboré en 1994 lors du deuxième séminaire régional des Nations Unies, comprenait les recommandations suivantes :

  • Inclure des informations sur les effets néfastes de telles pratiques dans les programmes d’éducation sanitaire et sexuelle.
  • Intégrer des sujets liés aux pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants dans les campagnes d'alphabétisation.
  • Développer des programmes audiovisuels et publier des articles dans la presse sur les pratiques traditionnelles nuisant à la santé des jeunes filles et des enfants, notamment les MGF.

15.  Que peuvent faire les gouvernements pour aider à éradiquer les MGF ?

Pour être efficaces, les programmes d’éradication des MGF devraient être pilotés par les gouvernements et mis en œuvre aux niveaux national, régional et local. Ils devraient comprendre les mesures suivantes :

  • Prendre un engagement politique fort et visible pour mettre fin aux MGF.
  • Développer un cadre législatif et politique pour éradiquer les MGF, y compris une loi interdisant cette pratique pour les filles et les femmes adultes non consentantes.
  • Intégrer les stratégies de prévention des MGF dans les politiques et programmes traitant de la santé reproductive, de l'éducation et de l'alphabétisation.
  • Fournir des informations précises et accessibles, notamment dans le cadre de formations, au sujet des MGF.
  • Mobiliser les communautés pour développer leurs propres stratégies d'éradication des MGF.

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