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Des manifestants brandissent des pancartes lors d'un rassemblement de l'opposition à Almaty, au Kazakhstan, le 28 février 2021. © 2021 Ruslan Pryanikov/AFP via Getty Images

Imaginons: vous venez de sortir de prison. D’ailleurs, vous n’aviez rien fait de mal pour vous y retrouver – vous avez simplement manifesté pacifiquement contre les autorités – mais ils vous ont enfermé quand même. À présent, vous êtes en train de franchir les portes de la prison, enfin libre.

Il est temps de remettre votre vie en ordre. Pour commencer, vous devez retirer de l’argent. Vous vous dirigez donc vers un distributeur, mais votre carte ne fonctionne pas. Lorsque vous entrez dans la banque pour comprendre ce qu’il se passe, on vous informe que votre compte a été bloqué. C’est ainsi que vous découvrez que vous figurez sur la « liste de financement du terrorisme » de votre gouvernement.

Vous pensiez être enfin libre, mais il s’avère que ce n’est pas le cas. Enfin, pas vraiment.

Vous pouvez aller à l’extérieur, mais vous ne pouvez pas vraiment interagir avec les gens. Financièrement, vous êtes ostracisé, exclu de l’économie moderne. Il vous est interdit d’utiliser des cartes de crédit et de débit.

Théoriquement, vous avez le droit de travailler, mais quel employeur voudrait embaucher quelqu’un figurant sur une liste noire gouvernementale – surtout s’il doit prendre des dispositions spéciales pour le payer?

Lorsque vous avez été condamné – encore une fois, pour avoir manifeste pacifiquement, ce qui ne constitue pas un crime  – ces restrictions ne figuraient pas dans le verdict. Et lorsque vous essayez d’en savoir plus, vous vous heurtez à des réponses évasives. Parfois, les fonctionnaires disent même qu’ils ne savent pas de quoi il s’agit.

C'est un aspect simplement kafkaïen du Kazakhstan : une répression sans rationalité. La bureaucratie d’État punit les militants de l’opposition pacifique, les critiques du gouvernement et d’autres personnes par des restrictions injustifiées, floues et improvisées. Ceux que le gouvernement cible pour des raisons politiques sont économiquement isolés.

Le cœur du problème est que la loi ne distingue pas l’extrémisme violent de l’extrémisme non violent. Ainsi, les autorités kazakhes peuvent détourner les législations sur l’extrémisme et le terrorisme pour cibler des dissidents pacifiques et d’autres personnes. Cela constitue une violation du droit international.

Même ceux qui n’ont pas participé à des actes violents, qui ne les ont ni incités, ni financés, sont automatiquement soumis à ces restrictions financières. Cela touche les droits économiques et sociaux des citoyens.

Le gouvernement doit revoir son approche. Il devrait modifier la législation afin que celle-ci soit usée à bon escient, notamment contre les opposants pacifiques. Il doit également retirer de la liste du financement du terrorisme les personnes condamnées pour des crimes non violents.

Si les partenaires internationaux du Kazakhstan posaient quelques questions, cela pourrait également aider. Le gouvernement kazakh tient à sa réputation mondiale, et il n’est pas vraiment flatteur d’être associé à des cauchemars kafkaïens.

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