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Gaza : Les forces israéliennes ont ouvert le feu lors d'une descente dans une maison

Une enquête sur les meurtres illégaux de huit civils est indispensable

Un soldat israélien pointait son arme vers un bâtiment situé derrière des décombres à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 janvier 2024.  © 2024 Nicolas Garcia / AFP via Getty Images

(Jérusalem, le 8 août 2024) – Les forces israéliennes ont pris d’assaut une maison de la ville de Gaza le 21 décembre 2023, jetant des grenades à l’intérieur et ouvrant le feu sur une pièce où une famille civile s’abritait, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Cette attaque a tué sept personnes, dont une femme enceinte, et a grièvement blessé deux autres personnes, dont un enfant de 5 ans. Des témoins ont aussi affirmé que les forces israéliennes ont abattu un homme aveugle âgé de 73 ans après avoir sécurisé le bâtiment, et forcé tous les autres membres de la famille à sortir. L’incident devrait faire l’objet d’une enquête en tant que possible crime de guerre, et les forces impliquées devraient être tenues responsables.

« Il n’y a aucune excuse pour que des soldats fassent irruption dans une maison pleine de civils et tirent sans précaution », a déclaré Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Ils ont décimé une famille palestinienne et ont rendu orphelin un jeune enfant, qui ne pourra peut-être plus jamais marcher. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec trois membres de la famille al-Khalidi, dont deux cousins qui ont été témoins de l’attaque et avec qui Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques. En juin 2024, les chercheurs de Human Rights Watch ont aussi rencontré Faisal, le jeune garçon de 5 ans qui avait été blessé, au Qatar où il recevait des soins médicaux. Les chercheurs ont également analysé une vidéo diffusée sur le compte X des forces armées israéliennes, IDFonline, dont certaines parties ont été vérifiées comme ayant été filmées entre le 20 et le 21 décembre. On y voit des soldats israéliens et des véhicules blindés à proximité, mais aucun combat en cours ni aucun soldat essuyant des tirs.

Les deux cousins – Mohammed al-Khalidi, 40 ans, et Mu’min al-Khalidi, 21 ans – ont déclaré que dans la nuit du 20 au 21 décembre 2023, une munition a touché une maison à Sheikh Radwan, dans le nord de la ville de Gaza, à proximité de cinq écoles où des personnes déplacées s’étaient refugiées. Mohammed, Mu’min et 29 autres membres de la famille al-Khalidi se trouvaient dans une maison voisine, après avoir fui leur propre domicile suite à un ordre d’évacuation transmis par téléphone par l’armée israélienne. Selon eux, la belle-sœur de Mohammed, Fatma al-Khalidi, 32 ans, enceinte de sept mois, s’est cassée la jambe lors de l’attaque de cette nuit-là.

Environ 30 minutes après l’attaque, a déclaré Mohammed, des soldats israéliens sont arrivés dans des véhicules blindés et des bulldozers. « Nous avons regardé dehors et nous les avons vus briser des vitres, écraser des voitures avec leurs chars, détruire des lignes électriques, détruire tout ce qu’ils pouvaient », a déclaré Mohammed. De nombreux habitants de la région avaient déjà fui vers le sud de la bande de Gaza ; mais ce n’était pas le cas de la famille al-Khalidi, dont les membres les plus âgés ne pouvaient pas se déplacer rapidement. Les deux cousins ont affirmé que personne dans la maison n’était armé ou n’avait de liens avec un groupe armé, et qu’à leur connaissance, aucun combattant ne se trouvait dans les environs au moment de l’attaque.

Le lendemain, vers midi, les forces israéliennes ont tiré des munitions sur le premier étage de leur immeuble, ont déclaré Mu’min et Mohammed. Puis, vers 17 heures, plus d’une douzaine de soldats israéliens ont défoncé le portail de la cour et, sans avertissement ni provocation, ont lancé une grenade à travers une fenêtre d’une pièce qui était vide à ce moment-là. Après cela, les soldats ont lancé une autre grenade dans le couloir principal de la maison. Puis ils ont traversé ce couloir, ont enfoncé une porte et ont lancé au moins deux autres grenades dans une pièce où 12 personnes, dont Mu’min et Mohammed, s’étaient réfugiées.

Les deux hommes ont déclaré que lorsqu’ils ont entendu les soldats s’approcher, ils ont saisi leurs papiers d’identité et les tenaient dans leurs mains. Mu’min a déclaré qu’il a été blessé et est tombé à terre, contre le mur ; son oncle Amjad al-Khalidi, 42 ans, est tombé sur lui.

Les femmes ont crié ; un soldat est entré et a ouvert le feu avec un fusil automatique sur toutes les personnes dans la pièce, ont déclaré les deux hommes. Fatma et son mari Ahmed ont été tués ; Fatma tenait alors son jeune fils Faisal, qui était grièvement blessé. Lorsque les tirs ont cessé, un autre fils de Fatma, Adam, âgé de 6 ans, est sorti en courant de la pièce après avoir vu son père, Ahmed al-Khalidi, 34 ans (frère de Mohammed), « étendu sur le sol dans une mare de sang, comme un mouton abattu », selon Mohammed. Adam lui-même n’a pas été blessé.

Les cousins ​​ont déclaré que l’attaque avait tué sept membres de la famille al-Khalidi : Fatma ; Ahmed ; deux beaux-frères de Mohammed, Shaaban Abu Jabal (33 ans) et Adham Abu Jabal (20 ans) ; ainsi que Nawal al-Khalidi (70 ans) et ses enfants Raed (49 ans) et Amjad.

Suite du communiqué en anglais : en ligne ici.

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