Aujourd'hui, nous avons de bonnes et de mauvaises nouvelles, ainsi qu'un espoir de progrès, et tout cela concerne l'aluminium.
Nos lecteurs réguliers se souviendront peut-être de notre article du début d'année, dans lequel nous examinions le lien entre l'aluminium utilisé dans les voitures et le travail forcé dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
L'aluminium est un élément clé dans la fabrication des voitures. Ce métal et ses alliages sont utilisés dans des dizaines de pièces automobiles, depuis les blocs moteurs et les châssis des véhicules jusqu'aux roues et aux composants des batteries électriques. Ces pièces se retrouvent dans les voitures fabriquées en Chine et sont également exportées vers les constructeurs automobiles du monde entier.
L'une des principales sources d'aluminium en Chine est le Xinjiang, où sa production a connu une croissance massive ces dernières années.
Les producteurs d'aluminium du Xinjiang, comme de nombreuses industries de la région, participent à des programmes de travail forcé soutenus par le gouvernement chinois. Ce système de travail forcé contraint les Ouïghours et d'autres musulmans turciques à travailler. Il ne s'agit là que d'un aspect inquiétant de la vaste répression exercée par le gouvernement chinois au Xinjiang, qui constitue des crimes contre l'humanité.
Mais il s'agit d'un aspect des abus commis au Xinjiang contre lequel d'autres pays peuvent certainement faire quelque chose. Les gouvernements qui supervisent les grands marchés de l'automobile dans le monde ont un moyen d'action dans ce domaine.
La bonne nouvelle, c'est que cette semaine, le gouvernement des États-Unis a fait un pas dans la bonne direction. Les États-Unis ont ajouté l'aluminium à leur liste de secteurs prioritaires pour l'application de la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours (Uyghur Forced Labor Prevention Act). Cette loi vise à empêcher l'entrée sur le marché américain d'articles fabriqués au Xinjiang par le travail forcé imposé par l'État.
Cette décision aura probablement un impact significatif sur la manière dont les constructeurs automobiles s'approvisionnent en pièces détachées pour les voitures qu'ils vendent sur l'immense marché américain. Comme ils sont obligées de partir du principe que tout l'aluminium provenant du Xinjiang pourrait être issu du travail forcé, ils vont devoir reconsidérer la provenance de leurs pièces détachées.
La mauvaise nouvelle, c'est que l'autre grand marché de consommation du monde, l'Union européenne, a été plus lente à s'attaquer au problème du travail forcé au Xinjiang. L'UE a imposé des droits de douane sur les voitures électriques, mais cela n'a rien à voir avec les droits humains ; il s'agit d'une mesure de sécurité économique.
Toutefois, nous pourrions bientôt assister à une amélioration de la situation. L'UE est sur le point d'adopter le règlement sur le travail forcé (Forced Labor Regulation - FLR), une loi qui vise à empêcher les consommateurs de l'UE d'acheter des biens produits par le travail forcé partout dans le monde.
Avant sa mise en œuvre, la Commission européenne publiera une base de données en ligne sur les zones géographiques et les secteurs spécifiques où le travail forcé constitue un risque, y compris les régions où les autorités étatiques imposent le travail forcé. Il est essentiel que le Xinjiang et le secteur de l'aluminium figurent sur cette liste, ainsi que plus de 17 industries associées au travail forcé imposé par l'État dans cette région.
Il est à espérer qu'avec la pression exercée par les principaux marchés de consommation dans le monde et les constructeurs automobiles tenus de s'approvisionner de manière plus responsable, le gouvernement chinois se rendra à l'évidence et abandonnera son programme de travail forcé au Xinjiang. C'est l'objectif.