Des milliers d’Indiennes et d’Indiens sont descendus dans la rue pour protester contre le viol et le meurtre d’une médecin dans un hôpital public de la ville de Calcutta la semaine dernière. Ils réclament la justice et une meilleure sécurité dans les hôpitaux et sur les campus médicaux.
L’attaque a mis en lumière la façon dont des millions de femmes indiennes restent exposées aux abus sur le lieu de travail, et continuent de se heurter à de graves obstacles pour obtenir justice pour violences sexuelles.
Le 9 août, une stagiaire en médecine âgée de 31 ans a été retrouvée morte dans une salle de séminaire. Selon les médias, elle s’était endormie dans la salle de classe après une journée de travail épuisante de 36 heures parce qu’il n’y avait pas d’espace de repos désigné pour le personnel. L’autopsie a montré que son corps présentait de graves blessures, notamment des fractures, suggérant une agression brutale. Un bénévole de l’hôpital a été arrêté.
L’Inde dispose de lois telles que la Loi sur la Prévention du harcèlement sexuel au travail, ou loi POSH (Prevention of Sexual Harassment at the Workplace Act, ou POSH Act) pour lutter contre la violence et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Les lois contre le viol et les abus sexuels ont été renforcées après qu’un viol collectif et un meurtre à Delhi en 2012 ont déclenché des manifestations à l’échelle nationale.
Les autorités n’ont cependant ni appliqué efficacement ces lois, ni garanti que des comités examinent des plaintes de harcèlement sexuel dans les secteurs formel et informel.
Si la plupart des entreprises du secteur privé et des administrations publiques ont mis en place des comités de plaintes internes, beaucoup n’existent que sur le papier. Les employeurs ne font pas grand-chose pour améliorer la culture du lieu de travail en sensibilisant les gens à ce qui constitue le harcèlement sexuel, et aux conséquences d’un tel comportement.
Certaines manifestantes ont affirmé que l’administrateur de l’hôpital de Calcutta avait rejeté la faut sur la victime, et tenté de dissimuler le crime. Une foule a tenté de perturber les manifestations, ravivant les inquiétudes concernant les obstacles rencontrés par les victimes et leurs familles dans les cas de violences sexuelles. Des enquêteurs fédéraux sont actuellement chargés de cette affaire.
La ministre en chef de l’État du Bengale-Occidental a exigé que « les coupables soient pendus » d’ici le 18 août. Imposer la peine de mort peut avoir un attrait populaire après un crime aussi horrible, mais cela ne protégera pas les filles et les femmes des abus et de la violence. Cela nécessite des réformes systémiques, notamment une meilleure application des lois et des protections dans les espaces publics ainsi que sur le lieu de travail et dans les institutions. Human Rights Watch s’oppose à tout recours à la peine de mort.
En Inde, les femmes et les filles devraient ont le droit de vivre et de travailler dans la dignité, sans craindre pour leur sécurité.
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